Boîte de ponte

Les femelles en fin de gestation doivent pouvoir accéder facilement à un endroit du terrarium propice au dépôt de leurs œufs. La ponte est dans la grande majorité des cas précédée 7 à 20 jours avant par une mue, appelée très justement mue de pré-ponte. La boîte de ponte devra ainsi être mise à disposition au plus tard à ce moment. Cette boîte doit être en matériau sombre ou opaque, ni trop grande ni trop étroite de façon à ce que le serpent s'y sente en sécurité et qu'il puisse facilement déposer les œufs. Il est tout à fait possible de recycler des boites alimentaires (type Tupperware®) dont le couvercle aura été ouvert pour permettre le passage du serpent. La boîte est garnie d'un substrat humide (sphaigne, tourbe, vermiculite, perlite etc.) et placée préférentiellement du côté chaud du terrarium. Pour éviter une dessication trop rapide du substrat une couche de mousse naturelle humide pour être ajoutée au-dessus.

Incubateur

Une fois les œufs pondus, la femelle est délicatement séparée de sa ponte et les œufs sont placés en incubation. Le liquide entourant l'œuf et facilitant son expulsion par la femelle sèche rapidement, agglutinant ainsi les suivants : il est inutile voire néfaste de tenter de désolidariser cette masse. Seuls les œufs non fécondés peuvent être retirés s'ils se situent en périphérie de la ponte; généralement ils sont moins adhérents que les œufs fécondés.
La position des œufs est assez importante : contrairement à ceux des oiseaux, les œufs des reptiles ne possèdent pas chalaze. Le retournement d'un œuf plusieurs heures après la ponte peut provoquer l'écrasement de la plaque embryonnaire venue adhérer à la membrane interne de la coquille. Pour plus de précaution il est possible d'utiliser un crayon de papier pour localiser le pôle "aérien" de l'œuf avant son transfert dans l'incubateur, mais les conséquences d'une rotation de l'œuf sont très largement surestimées par les éleveurs (voir Aubret et al., 2015).
Les œufs non fécondés ou ceux dont l'embryon est mort peuvent moisir rapidement sous l'inflence de la température et de l'humidité. Là encore les risques de contamination sont souvent surestimés, et dans l'immense majorité des cas cette dégradation n'affecte pas les oeufs sains et les embryons en développement.
Il existe de (bons) incubateurs de série disponibles dans le commerce, s'ils sont efficaces ils ont l'inconvénient d'être chers et de faible capacité. Il est tout à fait possible de faire un incubateur performant à moindre coût. Personnellement j'utilise des caisses en polystyrène utilisées pour le transport des poissons en aquariophilie : elles ont le mérite d'être légères, opaques, isothermes, et étanches (si elles sont en bonne état). De plus le perçage pour le passage de câbles est extrêmement simple. Il est facile de s'en procurer en animalerie. On peut distinguer deux grands type d'incubation pour les espèces considérées sur ce site : l'incubation "bain-marie" et l'incubation sur substrat direct. Les deux méthodes sont équivalentes en terme de résultats.

Un bon thermostat est indispensable pour maintenir une température stable dans l'enceinte. Les œufs sont le plus souvent incubés de la fin du printemps jusqu'au début d'été, période où les hausses soudaines de température pourraient s'avérer catastrophiques. J'utilise avec succès des thermostats Biotherm® depuis des années : ils sont très précis, robustes et permettent éventuellement une baisse de température nocturne. Le substrat peut varier mais doit conserver les qualités suivantes : imputrescible, neutre chimiquement ou légèrement acide, retenant bien l'humidité et la restituant correctement aux œufs, et permettant un bon échange gazeux. Il doit rester humide sans être détrempé. Dans un incubateur de type substrat direct sans bain-marie, l'hygrométrie doit être vérifiée de temps à autre mais varie normalement peu sans ouvertures intempestives. Les quelques goutelettes se formant sur les parois et pouvant retomber sur les œufs sont sans incidences. Dans une caisse polystyrène de taille standard les aérations sont inutiles. Attention à bien vérifier que les ouvertures pratiquées pour le passage des câbles et sondes ne peuvent être utilisées par les juvéniles pour s'échapper ! De même l'utilisation d'adhésifs doit se faire avec précaution : les serpenteaux pourraient venir s'y coller.

Bibliographie

Aldridge, R. D. & Sever, D. M. (Eds). 2011. Reproductive Biology and Phylogeny of Snakes. Reproductive Biology and Phylogeny Series, Volume 9, Science Publishers, CRC Press. 714 pp.

Aubret, F., Blainvillain, G. & Kok, P.J.R. 2015. Myth busting? Effects of embryo positioning and egg turning on hatching success in the water snake Natrix maura. Sci Rep. 2015; 5: 13385.

Girard, F. 1999. L'incubation des oeufs de reptiles. Supplément n°92 du Bull. Soc. Herp. Fr.: 16-17.